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L'ordinateur central de l'ANGE ne parvint à établir un bilan acceptable de la tragédie mondiale que plusieurs semaines après l'incident. Mithri Zachariah s'assura que tous ses directeurs l'aient reçu et lu avant de les convier à une vidéoconférence. Même Christopher Shanks, qui ne faisait jamais partie des opérations tactiques, y fut invité.

La grande dame commença par remercier tous les dirigeants qui n'avaient pas perdu leur sang-froid au summum de la crise. Elle exprima ensuite son regret d'avoir perdu autant de bons soldats, car plusieurs bases avaient été victimes du phénomène insolite. Avant de répondre aux questions plus spécifiques à chaque région touchée, elle fit un court résumé du rapport de l'Agence.

— Un peu plus du tiers de la population mondiale s'est évaporé, annonça-t-elle. Nos équipements de recherche n'ont pas réussi à localiser ce nombre important de disparus, et nous les avons même pointés vers l'espace. Nous en sommes donc venus à la conclusion qu'ils n'ont pas été enlevés, mais qu'une puissance dont nous ne savons rien encore les a massivement éliminés.

« Pourquoi ne parle-t-elle pas de l'hypothèse du Ravissement ? » se demanda Cédric, qui assistait à la réunion virtuelle de son bureau.

— L'analyse effectuée par nos logiciels démontre sans l'ombre d'un doute que les victimes n'ont pas été choisies au hasard, poursuivit Mithri. Tous les enfants de moins de douze ans ont disparu.

Un murmure s'éleva parmi les directeurs, qui n'étaient pas sans savoir que les enfants représentaient l'avenir du monde.

— Les médecins en train de mettre des bébés au monde ont vu ces derniers se volatiliser entre leurs mains, leur apprit la grande dame d'une voix tremblante. Curieusement, les femmes enceintes n'ont pas perdu les fœtus qu'elles portaient.

« Parce que la vie consciente ne se transmet qu'au premier souffle », se souvint Cédric.

— Alors, tout n'est pas perdu, les rassura Mithri. En ce qui concerne les adolescents, la moitié d'entre eux ont subi le même sort que les enfants. Si nous ajoutons à ce nombre celui des adultes manquants, nous arrivons à un chiffre total qui représente quarante pour cent de la population de la Terre. Nous avons demandé à l'ordinateur central d'analyser et de classer les informations recueillies dans tous les pays. C'est ainsi que nous avons appris que peu importe leur âge, les disparus étaient tous de fervents croyants en leurs diverses religions. Il semblerait que, contrairement à ses créatures, Dieu ne fasse pas de discrimination entre les systèmes de croyance.

Mithri fit une courte pause, de manière à donner à ses directeurs le temps d'assimiler ces faits.

— Ce qui m'amène finalement au rôle de l'ANGE au cours des prochains mois.

C'était surtout cette partie de son discours que les représentants de l'Agence voulaient entendre. S'ils ne pouvaient plus rien pour ceux qui avaient perdu la vie, ils avaient encore la possibilité d'empêcher l'annihilation du reste de la population mondiale.

— Plusieurs d'entre vous m'avez transmis votre propre interprétation de ces événements tragiques, ainsi que vos recommandations pour l'avenir. Je les ai toutes prises en compte. Le rôle de l'ANGE est avant tout d'enquêter sur les phénomènes étranges et de conseiller les gouvernements sur les mesures à prendre afin qu'ils protègent leurs ressortissants de ces anomalies. C'est ce que nous allons continuer à faire. J'attends de vous une analyse minutieuse de tous les tressaillements de ce que les Chrétiens appellent le Ravissement. Je veux que nous établissions la chronologie des prochaines étapes de ces prophéties pour que nous puissions avertir les dirigeants de ce monde de ce qui les attend. Chaque signe, chaque témoignage, chaque fait sera passé au peigne fin, surtout s'il a le moindre rapport avec le sort de l'humanité.

Avant de répondre aux interrogations des uns et des autres, Mithri suggéra à toutes les divisions de surveiller de près les progrès de reconstruction dans leurs régions, l'avènement de nouveaux prophètes et le danger qu'ils pouvaient représenter pour la population. Les directeurs ne devaient également permettre à leurs agents de travailler sur le terrain que s'ils pouvaient le faire en toute confiance.

Cédric écouta les réponses que la grande dame fit à ses confrères. En fait, ces derniers avaient tous les mêmes préoccupations. Ils devaient faire fonctionner leur base avec un personnel réduit, faire en sorte de ne pas exposer inutilement leurs agents et leurs techniciens au chaos qui régnait à la surface, et traiter rapidement leurs membres traumatisés par la perte d'êtres chers.

En conclusion, Mithri leur promit l'aide de tous les psychologues qu'elle avait recrutés afin de remettre l’Agence en état de fonctionnement le plus rapidement possible. Lorsque la conférence télévisuelle prit fin quatre heures plus tard, Cédric n'avait pas ouvert la bouche une seule fois. Ce qu'il redoutait le plus était le ralentissement de la construction de la nouvelle base de Montréal. Une telle éventualité l'obligerait à opérer dans une province qu'il ne connaissait pas très bien pendant de longs mois encore. Il aurait pu demander d'être muté à Sherbrooke, qui veillait sur Montréal, mais Mithri Zachariah ne lui aurait pas permis d'emmener ses meilleurs agents avec lui. Comme toujours, Cédric Orléans donnerait le meilleur de lui-même.

Le travail de recherche de Cindy Bloom devenait à présent une priorité pour la base de Toronto. Le premier geste de Cédric serait par conséquent d'affecter Aodhan Loup Blanc au même dossier.

— L'HELICOPTERE VIENT DE SE POSER DANS LE STATIONNEMENT, MONSIEUR ORLEANS.

Cédric avait oublié qu'il avait fait rapatrier sa fille le jour même.

— Demandez à monsieur Fletcher de sécuriser le périmètre et d'escorter l'agent Chevalier jusqu'ici.

— TOUT DE SUITE, MONSIEUR.

Le retour d'Océane au bercail allait sans doute insuffler une nouvelle énergie à son équipe. Cette jeune femme indépendante ne raisonnait pas comme tout le monde et, en ce moment, Cédric avait besoin d'autant d'hypothèses que possible.

— MONSIEUR ORLEANS, MONSIEUR FLETCHER DESIRE VOUS PARLER.

— Établissez la communication.

— Cédric, savais-tu que l'agent Chevalier était accompagné d'un homme que l'ordinateur identifie comme étant Thierry Morin, un policier de la Sûreté du Québec rapporté comme manquant à l'appel ? s'enquit le chef de la sécurité.

— Oui, j'ai été prévenu de sa visite. Conduis-les à mon bureau, je te prie.

— Avec plaisir.

Cédric se cala dans son fauteuil. Qu'allait-il faire du Naga ? Les règles de l'Agence étaient claires en ce qui concernait le recrutement de ses membres. Ils devaient tous suivre une formation à Alert Bay pendant un an, puis travailler sur le terrain, d'abord sous la supervision d'un aîné et ensuite seuls. La division internationale pouvait alors les déplacer à sa guise sur tout le globe. Cédric avait lui-même été un simple agent au Canada, en Australie et en Angleterre avant d'être nommé directeur de la base de Montréal.

Il ne faisait aucun doute, dans son esprit, que le policier Morin possédait toutes les qualités requises pour servir l'ANGE. En fait, son endurance, sa force physique et son intelligence de guerrier le plaçaient très certainement un cran au-dessus des agents à son service.

— Ordinateur, existe-t-il une procédure exceptionnelle permettant à un homme ou à une femme n'ayant pas fréquenté Alert Bay de devenir un agent de l'ANGE ?

— IL N'Y A AUCUNE REGLE ECRITE A CE SUJET. CEPENDANT, LES ANNALES DE l'AGENCE MENTIONNENT UN PRECEDENT. LORS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE, UN SOLDAT BRITANNIQUE FUT NOMME AGENT SANS AUCUNE PREPARATION A LA DEMANDE DE LA DIVISION INTERNATIONNALE, CAR IL DEVAIT AIDER LA BASE DE LONDRES A MENER UNE OPERATION ULTRASECRETE EN ALLEMAGNE.

— On ne peut donc recourir aux services d'un civil qu'en cas de guerre ?

— MONSIEUR FLETCHER DEMANDE A VOUS VOIR, MONSIEUR ORLEANS. DOIS-JE LE FAIRE ATTENDRE JUSQU’A CE QUE JE TROUVE LA REPONSE A VOTRE QUESTION ?

— Non, nous reprendrons cette recherche plus tard. Faites-le entrer.

Océane et Thierry précédèrent le chef de la sécurité dans le bureau. Cédric, qui s'attendait à une remarque sarcastique de la part de sa fille, fut surpris d'apercevoir ses yeux bouffis et sa mine déconfite.

— Merci, Aaron, dit-il à Fletcher. Je m'occupe d'eux. L'homme en noir tourna les talons et la porte métallique se referma derrière lui. Le Naga et l'agente demeurèrent immobiles.

— Je vous en prie, asseyez-vous, les convia Cédric.

Ils prirent place dans les fauteuils destinés aux invités.

— Océane, est-ce que ça va ? s'inquiéta le directeur.

— J'ai appris il n'y a pas longtemps que je n'avais aucun lien de famille avec les Chevalier, mais la disparition de ma grand-mère et de mon neveu m'afflige beaucoup.

La jeune rebelle essuya les larmes qui recommençaient à couler sur ses joues.

— Pire encore, je ne peux même pas réconforter ma sœur qui est hystérique depuis la perte de son fils.

— Beaucoup de gens ont perdu des êtres chers, répliqua maladroitement Cédric.

— En fais-tu partie ?

— J'ai perdu des techniciens et des membres de la sécurité.

— Mais aucun membre de ta famille, n'est-ce pas ?

— Je ne suis pas responsable de tes tourments, Océane.

Thierry Morin assistait en silence à cet échange entre le père et la fille. Il était bien mal placé pour les juger, n'ayant jamais eu de parents.

— Pardonne-moi, s'excusa Océane. Tu ne sais pas à quel point j'aimerais être à ta place et n'avoir personne à regretter.

— Je ne suis malheureusement pas resté en contact avec ma mère, alors j'ignore ce qu'il a pu advenir d'elle, si c'est ce que tu veux entendre.

— J'ai une autre grand-mère ?

— Sur papier seulement. Tu seras certainement contente d'apprendre que tes collègues n'ont pas été touchés par ce phénomène.

— Même Cindy ? s'étonna Océane. Elle est si innocente.

— Nous cherchons encore à établir avec précision les critères de sélection de cette force invisible qui a décimé une partie de la population.

— Peut-être qu'elle n'aimait pas le rose…

Cédric choisit d'ignorer son commentaire.

— Cindy et Aodhan travaillent comme des forcenés pour que l'ANGE puisse anticiper les prochains événements cataclysmiques.

Le directeur espérait qu'en mentionnant le nom de ses amis, Océane reprendrait son aplomb habituel, mais elle demeura abattue.

— Nous tentons aussi d'obtenir des renseignements de la part de Yannick Jeffrey, ajouta-t-il.

Cela n'intéressa pas davantage sa fille.

— Je suis vraiment navré que tu aies perdu ta grand-mère et ton neveu, lui dit-il finalement.

« Autant que peut l'être un reptilien », songea Océane.

— Et toi, Thierry, as-tu perdu un être cher ? demanda le directeur.

Thierry secoua la tête négativement.

— C'est plutôt le contraire, dans son cas, expliqua sa compagne. C'est lui qu'on a abandonné.

— Océane…, soupira le Naga en espérant qu'elle se taise.

— Sa société secrète l'a mis à la porte parce qu'il est venu à mon secours. Il était en mission en Suisse lorsqu'il a appris que la reine des Dracos m'avait capturée, et il a tout laissé tomber pour moi.

Cédric ne put s'empêcher de penser qu'il aurait, lui aussi, expulsé n'importe lequel de ses agents qui aurait agi de la sorte. Océane, malgré son intellect supérieur et son infaillible instinct d'espionne, était selon lui bien trop émotive. Jamais elle ne serait appelée à occuper un poste de direction à l'ANGE.

— Tu ne peux pas refuser son apport à l'Agence, implora-t-elle.

— Parce que tu crois que c'est moi qui prends ce genre de décision ?

— Tu es l'un des dirigeants de l'ANGE.

Cédric soupira avec agacement.

— Laisse-moi seul avec Thierry, s'il te plaît.

Océane le fusilla du regard. Sa requête ne lui plaisait pas, mais elle quitta tout de même le bureau en se retenant de parler.

— Lorsqu'elle a une idée en tête, il est bien difficile de l'en faire démordre, commenta Thierry.

— Je suis bien placé pour le savoir.

— J'ai tenté de lui faire comprendre que je n'ai aucune envie de devenir l'un de tes agents. J'ai ma propre façon de travailler et je n'ai pas l'intention de la modifier.

— Je comprends ta position, mais Océane a tout de même raison sur un point : nous avons besoin d'aide.

— Je suis désolé, Cédric. Je ne suis tout simplement pas un joueur d'équipe.

À court d'arguments, le directeur joignit ses doigts et appuya le bout de ses index sur ses lèvres.

— Nous avons écouté les nouvelles presque continuellement depuis les disparitions, l'informa Thierry. Tout le monde a sa propre explication de ce qui s'est passé, mais je penche pour celle de la Bible. Les Dracos, aussi brillants soient-ils, ne possèdent pas ce type de technologie, et pourquoi se priveraient-ils volontairement de leur repas favori ?

— Tu crois en Dieu ?

— Je crois qu'une puissance universelle nous a créés et placés là où nous devions nous trouver, mais je ne lui donne pas de nom.

— Où sont allés les disparus, à ton avis ?

— On les a emmenés dans un autre univers.

— Ils ne seraient donc pas morts ?

— Non, affirma le Naga. Ils sont partis avec leurs corps, n'est-ce pas ? Que savons-nous sur les heureux élus ? J'imagine qu'ils étaient tous humains.

— Il s'agissait d'innocents et de croyants.

— Des gens pieux, quoi. Ce qui signifie que la planète est actuellement peuplée par des gens moins que méritants.

— Je ne suis pas un homme malveillant et je n'ai pas été choisi.

— Mais tu ne crois pas en Dieu, lui fit remarquer Thierry.

— Toi, oui, et tu es toujours ici.

— Je suis un assassin, Cédric. Les meurtriers ne font certainement pas partie des méritants. Les reptiliens non plus.

Le Dieu de presque toutes les religions défendait à ses fidèles de tuer. Cette interdiction valait-elle aussi pour les races extraterrestres ?

— Qu'as-tu l'intention de faire, maintenant ? s'enquit Cédric.

— C'est justement en écoutant des récits de disparitions à la télévision que mon chemin est devenu clair, Il y a encore deux personnes, si on peut les appeler ainsi, que je dois éliminer avant de quitter cette vie : Perfidia et celui que vous appelez l'Antéchrist.

Cédric arqua un sourcil.

— Océane connaît-elle tes plans ? voulut-il savoir.

— Non. Elle veut à tout prix m'enrôler dans votre agence, ce que je refuserais même si tu me suppliais. Pour accomplir ces dernières missions, je dois agir seul.

— Les prophètes indiquent clairement que l'Antéchrist terrorisera les hommes pendant sept ans avant que le Fils de Dieu mette fin à son règne. Prétends-tu être ce sauveur ?

— Ciel, non ! Mais si cet homme manque son coup, je serai tapi dans l'ombre et moi, je ne raterai pas ce mécréant.

« Les Nagas sont-ils tous aussi idéalistes que Thierry Morin ? » se demanda Cédric.

— Il y a très peu d'Anantas sur Terre, poursuivit le policier. Il est donc possible que ce tyran soit lié à toi par le sang.

— Je suis désolé. J'ignore tout de ma famille.

— Je veux simplement que ce soit bien clair entre nous. Ce lien de parenté ne m'empêchera pas de faire mon travail.

Thierry vit pâlir le visage du directeur. Avant qu'il ne le questionne à ce sujet, Cédric lui fournit l'explication de son malaise.

— Il y a plusieurs années de cela, des varans ont tenté de m'assassiner, car ils croyaient que j'étais le Prince des Ténèbres.

— Ce devaient être des Nagas stupides. Je possède un sixième sens qui me permet de débusquer mes ennemis, peu importe leur origine. Tu n'en fais pas partie.

Thierry se leva en posant sur son congénère un regard destiné à rassurer ce dernier.

— Si tu dois briser le cœur d'Océane, fais-le sans tarder, l'avertit Cédric.

— Ta fille est une femme extraordinaire, mais elle n'entend que ce qu'elle veut entendre, même lorsqu'il est question de la pure vérité. Lorsque viendra pour moi le temps de frapper l'ennemi, je partirai malgré ses cris et ses grincements de dents. Elle sera très en colère contre moi, mais je m'assurerai qu'elle ne tente pas de me suivre.

Cédric pouvait déjà imaginer la tempête que le Naga essuierait ce soir-là.

— Tu n'es pas l'un de mes hommes, alors je ne peux pas te dicter ta conduite, se résigna-t-il.

— Voilà une attitude de Neterou dont tu devrais te départir, Cédric. Le sang qui coule dans tes veines provient d'une caste encore plus élevée que la mienne. Il te donne le droit d'exiger l'obéissance de tous les reptiliens, sauf celle des Dracos et des indépendants Nagas.

— Il ne serait pas très malin de ma part d'afficher mes véritables couleurs par les temps qui courent. On m'a déjà pris pour un autre.

Cet argument fit sourire le traqueur.

— Je ne resterai à Toronto que le temps de découvrir où se cache la reine et à quel endroit je peux trouver l'Antéchrist, annonça-t-il.

Il fit quelques pas vers la porte, puis se retourna.

— As-tu suffisamment de poudre d'or ?

— Je peux encore tenir quelques mois.

— Avant de partir, je t'en procurerai une importante provision.

— Merci, Thierry.

La porte glissa devant le policier, qui se retrouva dans l'immense salle des Renseignements stratégiques. Océane était plantée derrière un technicien et lisait les informations qui apparaissaient sur son écran. Ces dernières semaines, c'était la femme plutôt que l'agente qu'il avait fréquentée. Or, malgré son immense besoin d'amour, Océane avait été incapable de lui ouvrir son cœur. Elle avait entouré son amant de petits soins, l'avait distrait de ses obligations et procuré de fantastiques nuits d'amour. Pourtant, après tout ce temps passé avec elle, Thierry connaissait à peine cette femme et il se doutait que jamais elle ne se livrerait complètement à lui.

Il promena son regard sur tous les postes de travail avant de rejoindre Océane. L'ANGE était bien équipée. Ses nombreux techniciens analysaient séparément des données qui arrivaient sans arrêt du monde entier.

— Te voilà enfin, se réjouit Océane. Il ne t'a pas trop maltraité ?

— Je suis difficile à impressionner.

Elle glissa ses doigts entre les siens et l'entraîna vers la sortie.

— Nous allons dire bonjour à Cindy, puis je vais te ramener chez moi. J'implore toutefois ton indulgence, puisque le ménage n'a pas été fait depuis des lustres.

Il se laissa docilement emmener dans le corridor, le long duquel elle ouvrit toutes les portes avant de découvrir que sa jeune amie travaillait dans la salle de l'Antéchrist en compagnie de leur collègue amérindien.

— Océane ! s'écria Cindy, folle de joie.

Elle lui sauta dans les bras et la serra avec force.

— Te souviens-tu de Thierry Morin ? demanda l'aînée lorsqu'elle eut réussi à se dégager de son étreinte.

— Évidemment ! Il m'a sauvé la vie ! Enfin… je pense. Mes souvenirs de cette horrible soirée sont de plus en plus confus.

— Je suis heureux de vous revoir, mademoiselle Bloom, la salua le Naga.

— Vous pouvez m'appeler Cindy.

— Ici, on l'appelle « mademoiselle rose bonbon », la taquina Océane.

— Je ne porte pas que du rose, vous savez.

Thierry tourna son regard vers l'homme qui l'observait attentivement depuis quelques secondes.

— Voici Aodhan Loup Blanc, le présenta Océane.

Les deux hommes échangèrent une solide poignée de main. Thierry ne percevait aucune vibration reptilienne dans cet agent. Cependant, ce dernier dégageait une aura curieusement semblable à celle de son mentor.

— Aodhan est un grand chef amérindien, ajouta Océane.

— Mon grand-père l'a été, la corrigea son collègue. Je n'ai malheureusement pas hérité du titre. Vous êtes allemand ?

Les cheveux blond clair et les yeux bleu ciel du Naga le faisaient souvent passer pour un ressortissant germanique ou nordique.

— Je suis un Italien né à Rome.

— On ne s'en serait jamais douté, avoua Cindy.

— Vous faites partie de la division italienne ? le questionna Aodhan.

— Je ne travaille pas pour l'ANGE. Je suis un agent indépendant.

L'Amérindien fronça les sourcils.

— Il a accepté de nous donner un coup de main, expliqua Océane avant que son coéquipier ne se lance dans un interrogatoire sans fin.

— Votre aide sera très appréciée, se contenta de répliquer Aodhan.

— Sur quoi êtes-vous en train de travailler ? voulut savoir Océane en jetant un coup d'œil aux écrans d'ordinateur.

— Nous tentons d'établir la chronologie des prochains événements mondiaux d'importance en décortiquant toutes les prophéties qui se rapportent à la fin du monde, répondit Cindy.

— Il y a plusieurs scénarios possibles, alors nous devons tout prendre en considération, ajouta l'Amérindien.

— Tu ne travailles plus sur les reptiliens, Cindy ? s'étonna Océane.

— Je n'avais plus rien à me mettre sous la dent, soupira la jeune femme.

— Thierry s'est déjà penché sur leur cas dans le cadre de son travail. Il pourrait sans doute te donner un coup de pouce.

— Chouette ! se réjouit Cindy avant que Thierry ne puisse protester.

— C'est presque l'heure du lunch, leur rappela Océane. Que diriez-vous de nous accompagner au petit restaurant situé au coin de ma rue ? Est-il encore ouvert ?

— La plupart des commerces ont rouvert leurs portes, assura Aodhan.

— Allons-y !

S'accrochant au bras du Naga, Océane les convia à la suivre.

 

Sicarius
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